Selon Forrester Research, la moitié des 44 millions de foyers américains connectés à Internet n'ont pas encore effectué leur premier paiement en ligne.

Parmi ceux-ci, 44% d'entre eux mettent en avant leurs craintes en ce qui concerne la sécurité des paiements en ligne.

Pour Cpulse, une société du Gartner Group, 24% des acheteurs en ligne s'estiment insatisfaits de leurs expériences on line et l'élément majeur de cette insatisfaction concerne l'insécurité.

Tout ceci, confirmé par Jupiter Communications qui estime que le risque de fraude en matière de paiement par carte est multiplié par 3 online.

Il convient tout d'abord de relativiser ces chiffres. Si l'aggravation du risque lié aux paiements en ligne est réelle, celle-ci ne concerne en fait pour l'essentiel que les cybermarchands eux-mêmes. Devant une contestation liée à un paiement en ligne, ils sont le plus souvent obligés de rembourser le plaignant...

Les risques pour les particuliers sont quant à eux ni plus ni moins importants que ceux rencontrés off line. Le danger réel pour le commerce électronique n'est donc pas représenté par des hordes de hackers en mal d'argent mais bien plutôt par un imaginaire collectif négatif largement alimenté par les médias.

Alors, même si ces craintes ne sont qu'assez rarement fondées, lorsqu'un marché existe, il convient de lui offrir des produits correspondant à ses attentes.

American Express, forte de sa base installée a donc lancé dernièrement un nouveau service dénommé Private Payments qui devrait, selon Amex, annuler les craintes de Monsieur Tout le Monde.

Destiné uniquement aux utilisateurs BtoC d'Amex (Les comptes Corporate, sauf petites entreprises en étant exclus) l'internaute se verra attribué, à chaque demande de sa part, un numéro de carte utilisable une seule fois. Dès utilisation de ce numéro, celui-ci sera détruit par Amex.

Seule la société American Express aura la possibilité de rapprocher ce numéro du compte réel de l'internaute, lui garantissant ainsi une sécurité absolue des données transmises on line.

Sur le papier tout est donc parfait ! Reste que l'internaute va devoir, à chaque achat, devoir générer un numéro spécifique unique, soit on line sur le site d'Amex soit via un logiciel qu'il peut télécharger.

Je reste donc très sceptique sur cette offre qui de fait "rajoute" une étape supplémentaire dans l'acte d'achat on line. De plus cette étape est réellement perturbante pour l'internaute puisqu'il se voit même obligé de quitter le processus de paiement en cours pour générer son numéro éphémère et y revenir ensuite... Lorsque l'on voit déjà les réticences des internautes face à des sites exigeant de vous un maximum de saisie et d'écrans avant de valider votre achat, on ne peut qu'être inquiet quant aux chance de réussite de cette offre.

La société Orbiscom a déjà mis au point une technique similaire avec son système o-card il n'empêche qu'à ce jour, la société ne peut revendique que deux banques clientes de ses produits.

Je pense en effet que, dans sa grande majorité, l'internaute qui craint encore de régler ses achats en ligne, possède un profil qui ne l'incitera pas plus à utiliser un service supplémentaire, à complexifier une démarche d'achat on line déjà difficile.

Depuis maintenant plus de deux ans, de nombreuses offres se sont présentées sur le Net sans qu'aucune ne semble encore pouvoir devenir le standard de demain.

La carte à puce semble être encore plus fiable que le système offert par Amex (qui sous-entend que le serveur Amex ne risque rien du côté des hackers, lors de la délivrance de votre numéro unique...) et ne rajoute pas d'étape dans le process de paiement. Pour autant, les internautes possédant un lecteur de carte à puce sont encore trop peu nombreux pour espérer un développement à court terme de ces systèmes.

American Express entend toutefois se faire de plus en plus présente sur ce créneau de la "crainte" de l'internaute via nombre d'autres produits types cartes de paiement prépayées ou encore les services de Privada, une société dans laquelle Amex possède une participation minoritaire et qui devrait offrir aux internautes, d'ici à la fin de cette année, la possibilité de cacher certaines de leurs informations personnelles lors de leurs surfs.

La peur tous azimuts, nouveau business model ?